vendredi 6 septembre 2013

Crétins des Alpes

Alors que je me lève péniblement ce matin après une nouvelle nuit d'insomnie, (encore une, je ne les compte plus), je me prépare un petit café qui me décape la gorge et remet mes derniers neurones vivants en place.

La semaine qui se termine n'a pas été des plus simples pour mes élucubrations philosophiques. Un flot de questions m'assaille sur un tas de sujets. Je me demande si le congrès américain est capable de deviser sur une intervention militaire en Syrie, pourquoi Poutine fait l'apologie de la légalité au niveau international (on oublie vite la Tchétchénie et son conflit...) et quelle mouche a piqué une vénérable dame de 64 ans qui a traversé un bras de mer sans être protégée par une cage anti-requins. On se rappelle tout de même, au vu de mon post précédent, que ces animaux sont pourtant  friands de chère humaine. 

Mais ce flot de questions ininterrompu va rester pour l'heure sans réponse. Je n'en attends pas particulièrement mais je suis tout de même heureuse de savoir que les seins de Zahia sont vrais. 

En compulsant les nouvelles sur les médias électroniques, je tombe néanmoins sur une information qui me laisse particulièrement dubitative. 
Je lis en effet que la cabine d'une installation à câble a heurté un poids-lourd parqué juste sous son parcours. Sept des huit passagers présents ont été blessés. (blessures sans gravité).  L'accident s'est produit jeudi en fin d'après-midi sur la ligne du téléphérique partant de Spiringen (canton d'Uri) pour le Ratzi. Un camion était stationné juste en dessous du parcours du téléphérique et boum...
L'enquête devra déterminer pourquoi le poids lourd stationnait justement là et pas ailleurs et pourquoi le téléphérique n'a pas fait le poids contre le poids lourd. Sans doute que les deux engins ne combattaient pas dans la même catégorie.

Non, vous ne rêvez pas. L'information est vérifiée et bien réelle. Dans certains cantons suisses (Suisse centrale), on construit des installations à câble frôlant le plancher des vaches. Et des chauffeurs de camion semblent assez bêtes pour laisser leur véhicule juste sous le parcours.

Il ne s'agit pas de fustiger qui que ce soit dans l'affaire. Mais me vient alors à l'esprit cette singulière mais néanmoins sympathique expression usitée parfois dans nos conversations de bistrot : "Espèce de crétin des Alpes".
Je ne vais pas refaire ici la genèse de cette formulation haute en couleur mais je trouve qu'elle convient particulièrement à cette histoire.
En effet, nous sommes en face d'un certain nombre de crétins dans le cas qui nous intéresse. Tout d'abord, le mec qui a construit la ligne à câble à ras la motte et/ou celui qui a décidé d'y faire passer une route juste au-dessous. Ensuite le conducteur du poids lourd qui apparemment n'a réfléchi à rien en laissant son camion sans surveillance. Et pour finir les randonneurs zurichois qui se trouvaient dans la cabine, en excursion dans le canton d'Uri alors que l'on sait que ce canton est considéré comme "un canton primitif" dans l'histoire suisse. 

Vous me direz que l'histoire n'est pas très grave car le téléphérique n'a pas subi trop de dégâts et qu'il n'y a pas eu de morts dans l'incident. Vous avez sans doute raison mais vous avouerez que l'événement, même s'il prête à sourire, peut se conclure par cette petite réflexion. On n'est à l'abri de rien, même dans un tout petit téléphérique uranais menant sur une montagne à vaches.

J'ai pour habitude de circuler en métro pour me rendre sur mon lieu de travail. Mais je vais cesser cette pratique pour plusieurs raisons:
1. il n'y a pas de conducteur dans le métro et pas d'essuie-glaces aux fenêtres
2. une vache pourrait s'échapper de son étable uranaise et venir ruminer sur les voies dans les tunnels et paf le métro
3. je pourrai être victime d'une attaque au gaz sarin (c'est déjà arrivé dans un autre métro je ne sais plus où et le gaz sarin semble être une substance dans l'air ces temps-ci)
4, un constructeur de téléphérique pourrait avoir la bonne idée de faire circuler un téléphérique souterrain empruntant le même couloir que le métro
5. je n'ai plus envie d'aller travailler

Non, c'est décidé, je reste chez moi pendant un temps. J'ai de la bière au frais, de la musique à écouter et des bêtises à vous faire partager sur mon blog. 

Je limiterai ainsi les situations à risque même si je sais que les accidents ménagers peuvent être gravissimes.  Sécher ses cheveux alors qu'on prend un bain peut conduire à la mort, ouvrir une armoire peut faire basculer une boîte de raviolis dans le vide et vous écrabouiller le pied et on peut s'étrangler en regardant l'US Open et la défaite de Federer ou la réussite de Stan.

Tout le monde sait aussi que nous vivons à l'heure de la mondialisation et que tout s'exporte, d'une manière ou d'une autre. Le crétinisme n'échappe pas à cette règle et on peut rencontrer maintenant des crétins partout sur la surface du globe et pas seulement dans les Alpes. Les crétins des Alpes sont doublés par des crétins de campagne, des crétins de plaine, des crétins citadins et des crétins tout court.

Cela fait froid dans le dos et peut produire quelques sueurs de savoir qu'une si grande masse de crétins peuple cette planète. J'espère tout de même que ceux qui dirigent le monde et doivent prendre des décisions primordiales (pas seulement la construction de téléphérique) ces jours-ci sauront user de leurs neurones encore valides, pas encore contaminés par le crétinisme ambiant. Je souhaite également que les discussions dans les parlements de par le monde, du congrès au sénat, se dérouleront dans des salles munies de courant électrique car on peut s'attendre alors à des débats de crétins éclairés.

Sur ces bonnes paroles, je m'en vais planifier une randonnée sur une montagne lointaine qui crache du feu mais rassure-vous, je ne circulerai pas en téléphérique mais m'appuierai avec force et vaillance sur mes deux jambes encore valides.