mercredi 31 juillet 2013

Bon 1er août

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

Demain c'est le 1er août, fête nationale des petits Suisses (pas les trucs qu'on mange en dessert).
On va se réunir dans tous le pays pour faire des grillades, des brunchs à la ferme, se péter le tube en plein soleil, écouter des groupes folkloriques, verser une larme en chantant l'hymne national suisse, écouter un concert de carillon, des discours patriotiques et voir les feux d'artifice.

Et se gargariser d'habiter un si beau pays qui ne connaît pas la crise.
Enfin, moins qu'ailleurs.
Car tout ne va pas si bien dans cette charmante contrée.
On a aussi des accidents de train, des mecs qui s'en mettent plein les poches, une politique migratoire déplorable, un système de santé qui nous coûte la peau des fesses, Federer qui perd depuis plusieurs semaines, le patron de Swisscom qui s'est suicidé, des inégalités salariales entre hommes et femmes, des glaciers qui fondent et tout le reste.

Et le pire, c'est que personne ne connaît véritablement l'hymne national suisse. On chante les trois premiers mots, et ensuite on laisse le chœur officiel ou la fanfare du coin siffloter l'air à notre place.
On verse une larme à la fin et on reprend la descente du petit blanc ou de la bière.
Mais ce n'est pas grave, on est Suisses et fiers de l'être, envers et contre tout.

On se rappelle les fondateurs de notre pays, ces forts montagnards qui ont lancé des troncs d'arbre sur les mecs qui venaient nous dicter de qu'on devait faire.
On a même un gaillard très gonflé qui a osé braver l'autorité et qui a dû, à l'aide de son arbalète, tuer une pomme qui trônait sur la tête de son môme Walter. Guillaume Tell a  inspiré Rossini et Hodler. Mais personne ne s'est jamais soucié de la pauvre pomme.

Non, mine de rien, on est fier d'être Suisse. On mange le meilleur chocolat du monde, on produit des couteaux suisses avec un truc génial et indispensable qui est le tire-bouchon et le Gruyère AOC est à tomber par terre.

Et puis le fromage à Eddy est super bon pour la raclette.

Sur nos monts, quand le soleil... poum poum.

Demain, pendant les feux d'artifice, j'aurai une pensée émue pour tous ceux qui ont forgé ce vaillant système suisse mais qui s'appellent Pinto, Gonzalez, Krasnic et N'Guyen. Ils n'ont toujours pas la nationalité suisse mais ce n'est pas si grave. Ils travaillent pour nous, paient des impôts et œuvrent pour notre belle identité nationale. Et s'ils veulent se faire naturaliser et obtenir le droit d'être fiers d'être Suisses, ils doivent connaître l'hymne national.
Alors que Cholet, Bochatay et Perrin ne savent que la première strophe.

Décidément, je suis fière d'être née dans un si beau pays.

Santé, chères concitoyennes, chers concitoyens.
Je m'en vais boire un bon verre de Fendant.  






lundi 22 juillet 2013

Et pourtant elle pousse...

Extraordinaire journal télévisé ce soir sur TF1.

Une masse de journalistes qui grillent en plein soleil en Angleterre, dans l'attente d'un mouflet royal.
Un pauvre gosse qui ne pourra pas faire son premier rot sans que la planète entière ne tende l'oreille et s'extasie sur sa petite gueule d'ange et la tessiture de son rejet.

Toute la journée on a attendu. 

Et pourtant elle pousse.

Vas-y Kate, pousse...

En attendant,  en Syrie, on continue de mourir pour rien. 

Vas-y Kate, pousse...

Pendant quelques heures, la planète oubliera ses horreurs face à un gosse geignard qui va hurler dès qu'il aura faim, soif ou autre.

Vas-y Kate, pousse...

Et pendant ce temps, le petit gosse là-bas en Afrique, il pourra hurler parce qu'il a faim mais il n'aura rien de plus à manger. Il hurlera tellement qu'il en crèvera.

C'est beau la vie...

Vas-y Kate, pousse...

Oui, je sais, c'est tout à fait politiquement incorrect mais il fallait que je l'écrive quand même. 

La terre continue de ne pas tourner rond mais pourtant elle pousse. Galilée aurait ri s'il était encore de ce monde.

P.S. Il est né. Non mais allô, allô, t'es une princesse et t'accouches d'un garçon? ça aurait pu être une citrouille avec une couronne en papier mâché sur la tête!





mardi 16 juillet 2013

L'été des festivals

C'est l'été et la saison des festivals.
Paléo, Montreux Jazz, Gampel et j'en passe et des meilleurs.
Et la nouvelle est tombée ce soir. Swisscom ne sera plus sponsor de trois festivals importants dès l'année prochaine.
Le porte-parole de l'entreprise suisse de téléphonie a déclaré aux médias qu'il fallait réfléchir à d'autres publicités et d'autres sponsorings.

C'est vrai que ça réfléchit pas mal dans la cabosse de Monsieur Swisscom. Comment tondre le client de la façon la plus tendancieuse possible? Quand on sait le prix que l'on paie les abonnements et les services, on est en droit de s'arracher les cheveux et de lancer les téléphones par terre, de rage. 
Mais on va me rétorquer que le réseau de Swisscom est tout à fait performant, que la couverture est presque maximale et que le consommateur suisse est privilégié.

Moi privilégiée? Sans doute... et encore plus pendant la saisons des festivals.

Tout le monde me demande si je vais ici ou là, écouter Machin ou Truc. Ma réponse est invariable. Non, je n'y vais pas. Je n'ai pas pris les billets dans les temps, je n'ai plus envie de rester devant mon écran pendant des heures pour trouver un misérable billet pour une soirée qui ne m'intéresserait absolument pas avec Guetta aux platines ou Ducon au micro.

Mais je vis la saison des festivals autrement, intensément, avec passion. 

Ma voisine trois balcons plus loin doit avoir un forfait illimité Swisscom. Swiss Conne Mobile téléphone dehors sur son balcon pour l'ensemble de l'immeuble. Comme elle est mobile, elle se déplace en rond et distille ses commentaires à la ronde. On apprend alors que "c'était trop bien au Montreux", que "Grégoire était trop cool" et qu'elle a encore trois semaines de vacances. A 23heures le soir, je dois dire que je n'en ai absolument rien à battre de ces jérémiades. Cela perturbe le dialogue de Derek et Meredith dans Grey's Anatomy.

C'est aussi la saison des festivals sur une terrasse un peu plus près. C'est le festival de la saucisse. On grille des saucisses dehors alors que c'est interdit par la gérance. "Non mais allô quoi, t'as une terrasse et tu pourrais pas y faire griller tes saucisses qui puent?". Les bouteilles s'entrechoquent, les voix montent, l'alcool coule à flots, merci les voisins, c'était jusqu'à jeudi matin à 3h00. Moi je me levais à 6h30.

Un peu plus loin, c'est festival de musique électro, Ducon la Joie s'éclate au milieu de son salon, les fenêtres ouvertes, à faire supporter à tout le monde sa musique de dégénéré. 

Ce qui est malheureux dans tout cela, c'est que la saison des festivals, c'est bien. La boue, la pluie, la poussière au Paléo, j'ai vécu. J'ai mangé asiatique, j'ai ingurgité les maraconis du chalet à plus de 30 degrés en plein soleil, je me suis roulée par terre dans la poussière, j'ai hurlé au concert de Rammstein. Mais c'était dans l'enceinte du festival.

Là, j'ai l'impression que c'est festival tout le temps, quand je rentre du boulot, quand je mange le soir, quand j'essaie de m'endormir, quand je me réveille en sursaut car c'est festival de vaisselle cassée en plein milieu de la nuit.

Alors oui, je crois que je commence à en avoir marre de la Swiss Conne qui hurle dans son téléphone, des saucisses qui grésillent à côté et de la musique de con du voisin de l'autre côté.

Mesdames et Messieurs, il y a en qui bossent le lendemain. Merci pour eux.