Monsieur le Président de la FIFA,
Vous êtes valaisan et je le suis aussi. Forcément, cela devait créer des liens: les montagnes, le Rhône, le mercure dans la plaine du Rhône, la patrouille des Glaciers, la finale des Reines à Aproz, la petite Arvine des fils Maye, le carnaval de Monthey et le collège de la Royale Abbaye de Saint-Maurice dans lequel vous avez traîné votre cartable et moi aussi.
On devrait sans doute ressentir une émotion comparable devant le Cervin ou les Dents-du-Midi et chanter avec la même allégresse le Pays où le Rhône a son cours.
Vous êtes le 8ème Président de la FIFA et ce depuis 1998. D'abord secrétaire général, vous avez ensuite gravi les échelons pour devenir directeur exécutif et ensuite Président. Je devrai être fière que mon canton dans lequel j'ai toutes mes racines possède un personnage si important évoluant dans les hautes sphères internationales. Et pourtant aujourd'hui, j'ai simplement l'envie de vous écrire cette missive pour vous dire tout le mépris que j'ai pour la Fédération que vous dirigez.
Je ne vais pas reproduire les thèses figurant dans deux livres que vous n'avez certainement pas gardés sur votre table de chevet: How They Stole the Game (Comment ils ont volé le jeu), publié en 1999 et Carton rouge, sorti dans les meilleures librairies en 2006. Je rappellerai simplement que vos pratiques électorales sont plus que douteuses et que vos relations avec la société de marketing sportif ISL sont toutes particulières. J'insisterai également sur le fait que pour les deux ouvrages précités, la FIFA a tenté en vain d'interdire leur publication.
Je reprendrai vos déclarations complètement loufoques en 2006 lorsque vous avez publiquement nié l'existence du dopage dans les sports collectifs, en rajoutant en 2012 que les cas détectés dans le monde du football ne concernaient qu'"un peu de drogue, de la marijuana et un peu de schnouf".
Je rajouterai aussi vos propos plus que méprisables à l'égard des supporters homosexuels, lesquels sont invités, s'ils se rendent au Qatar pour soutenir leurs équipes nationales "à s'abstenir de toute activité sexuelle pendant la Coupe du monde de football au Qatar", pays dans lequel l'homosexualité est encore perçue comme un péché par l'islam, religion d'Etat.
Vous avouerez, Monsieur le Président, que la liste des propos détestables que vous tenez à longueur d'années footballistiques est conséquente et qu'elle ne vous fait pas honneur. De plus, vous semblez faire fi des critiques toujours plus acerbes qui pleuvent sur votre Fédération, fustigeant ses décisions dans le domaine du ballon rond.
Il y a quelques jours, vous persistez dans la même voie méprisable durant l'entretien accordé à notre journaliste fétiche de la Radio télévision suisse romande, Darius Rochebin, devant lequel vous déclarez avec votre petit sourire condescendant et peu à votre aise que le choix du Qatar pour l'organisation de la coupe de 2022 était en quelque sorte une "erreur", tout en rajoutant du haut de votre narcissisme que vous allez briguer un nouveau mandat comme Dieu Président. Vous rajoutez même que tout le monde sur cette terre peut faire des erreurs.
Vous n'avez pas pu voir alors le bras d'honneur que j'ai décroché devant mon petit écran et je dois dire que même avec ce geste qui, je l'avoue, n'est pas des plus polis, je n'ai pas pu exprimer toute la colère et le dégoût que votre organisation m'inspire. Certes, tout le monde peut faire des erreurs mais quand on est Président d'une telle Fédération, les bourdes commises prennent une toute autre tournure que celle que pourrait faire une caissière à la Migros.
Quand on sait le scandale que représente cette organisation au Qatar, on devrait vous envoyer travailler par 50 degrés à l'ombre pour construire des stades gigantesques avec Bikash et Rishav, ouvriers népalais qui crèveront sans doute avant que n'ayez eu la force de casser un seul caillou et de salir votre beau costume. Déclarer que c'était une "erreur" est certes un aveu mais c'est aussi, pour ceux qui se tuent là-bas pour construire des stades dans un pays où le football était un sport méconnu et sans importance il y a quelques années encore, un mépris profond de ce qu'ils endurent au quotidien depuis que le choix de la Coupe s'est porté pour ce pays. Combien faudra-t-il encore de cercueils qui franchiront la douane à Katmandou pour que vous admettiez TOUTES les erreurs et les malversations de vos amis mafieux? Quand comprendrez-vous enfin que votre attitude et celles de ceux qui vous entourent est en train de créer depuis plusieurs mois des travailleurs esclaves œuvrant dans des conditions inacceptables pour que des stars du ballon rond et les nantis qui les regardent puissent profiter de stades fermés et climatisés en toute quiétude.
Et vous avez encore l'outrecuidance de vous proposer pour un nouveau mandat, comme si l'ampleur de la bêtise ne suffisait pas. Sans doute le goût du pouvoir, le luxe des hôtels et les blondes platines proposées sur un plateau pour les soirées suivant les grandes réunions seraient trop difficiles à abandonner quand on s'est vautré pendant des années dans l'hypocrisie et la luxure. Finalement, qu'importe un ouvrier népalais de plus ou de moins si on peut encore célébrer dans des stades climatisés les exploits de champions cokés se prenant pour des dieux vivants et hurlant de douleur face aux caméras du monde entier lorsqu'ils ont le malheur de brouter un peu de gazon de la pelouse. Etre responsable d'un désastre social et écologique n'est rien en comparaison des avantages auxquels on a droit quand on fait partie de la petite famille fifanesque.
Permettez-moi de vous dire, Monsieur le Président, que si un jour je vous rencontre dans une manifestation valaisanne, style giron des fanfares de la vallée d'Illiez ou consécration de la prochaine Reine des Alpages, je vous soufflerai un petit air directement dans les oreilles avec ma vuvuzela de compétition, ceci afin de vous rendre sourd pour de bon. Car malentendant vous l'êtes déjà, vous qui persistez dans cette attitude arrogante alors que les flots de critiques s'abattent sur vos décisions et celles de vos petits copains.
Je ne considérerai jamais comme un acte de bravoure vos déclarations à la télévision suisse romande car je suis convaincue que de dire que le Qatar est une erreur pour le monde du football survient un peu trop tard alors que Nabin et Aakash ont rejoint leur Népal natal les pieds devant, ayant juste gagné de quoi nourrir femmes et enfants pour quelques mois. Tout cela pour que le futur Messi ou Ronaldo puissent courir après un ballon sans trop souffrir de la chaleur et toucher à la fin du mois un salaire tout à fait indécent.
Vous me répondrez que ce n'est pas seulement le monde du football qui est entaché de scandale. On pourrait aussi relever les cachets des joueurs de tennis ou ceux des pilotes de formule 1 mais aujourd'hui, c'est le monde du football qui a retenu toute mon attention.
Certains ont clamé que le football est l'opium du peuple. Sans doute est-ce vrai en partie lorsqu'on voit la ferveur de certains supporters à l'approche de la grand-messe brésilienne.
"Du pain et des jeux" proclamait-on déjà dans la Rome antique. Aujourd'hui, vibrer pour son équipe nationale permet de s'évader d'un quotidien morne et représentera un prétexte pour beaucoup de se réunir pour regarder des matchs en buvant des bières. Ce sera l'occasion toute rêvée pour faire la fête et danser au son de la samba. En cela, Monsieur le Président, vous avez raison de penser que le peuple brésilien, le coup d'envoi lancé, mettra le feu à la planète entière. On oubliera la crise sociale, les manifestations dans les favellas et les stades qui tomberont en ruine après la fin des matchs. Finalement, tout cela n'est pas le plus important.
Un peu d'opium et du foot, c'est sympathique pour oublier la crise économique, le chômage, les factures et tous les problèmes de notre temps. Mais avec l'opium, vous reprendrez bien un peu de schnouf Monsieur le Président, histoire de tenir encore un peu le coup et d'être réélu pour un nouveau mandat sans fin et peut-être qu'ainsi vous arriverez sans encombre jusqu'en 2022, pour assister à la plus vaste fumisterie sportive de tous les temps.
En espérant que ces quelques lignes vous feront l'effet d'un carton rouge, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.
© Dédé Mai 2014
Je ne considérerai jamais comme un acte de bravoure vos déclarations à la télévision suisse romande car je suis convaincue que de dire que le Qatar est une erreur pour le monde du football survient un peu trop tard alors que Nabin et Aakash ont rejoint leur Népal natal les pieds devant, ayant juste gagné de quoi nourrir femmes et enfants pour quelques mois. Tout cela pour que le futur Messi ou Ronaldo puissent courir après un ballon sans trop souffrir de la chaleur et toucher à la fin du mois un salaire tout à fait indécent.
Vous me répondrez que ce n'est pas seulement le monde du football qui est entaché de scandale. On pourrait aussi relever les cachets des joueurs de tennis ou ceux des pilotes de formule 1 mais aujourd'hui, c'est le monde du football qui a retenu toute mon attention.
Certains ont clamé que le football est l'opium du peuple. Sans doute est-ce vrai en partie lorsqu'on voit la ferveur de certains supporters à l'approche de la grand-messe brésilienne.
"Du pain et des jeux" proclamait-on déjà dans la Rome antique. Aujourd'hui, vibrer pour son équipe nationale permet de s'évader d'un quotidien morne et représentera un prétexte pour beaucoup de se réunir pour regarder des matchs en buvant des bières. Ce sera l'occasion toute rêvée pour faire la fête et danser au son de la samba. En cela, Monsieur le Président, vous avez raison de penser que le peuple brésilien, le coup d'envoi lancé, mettra le feu à la planète entière. On oubliera la crise sociale, les manifestations dans les favellas et les stades qui tomberont en ruine après la fin des matchs. Finalement, tout cela n'est pas le plus important.
Un peu d'opium et du foot, c'est sympathique pour oublier la crise économique, le chômage, les factures et tous les problèmes de notre temps. Mais avec l'opium, vous reprendrez bien un peu de schnouf Monsieur le Président, histoire de tenir encore un peu le coup et d'être réélu pour un nouveau mandat sans fin et peut-être qu'ainsi vous arriverez sans encombre jusqu'en 2022, pour assister à la plus vaste fumisterie sportive de tous les temps.
En espérant que ces quelques lignes vous feront l'effet d'un carton rouge, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.