dimanche 7 avril 2013

Sale temps pour les nantis



Il fait trop froid. Le vent n’arrête pas de souffler. Le printemps n’arrivera jamais. Nous ne pouvons pas boire notre bière en terrasse. Cette pluie rend nos yeux humides de tristesse et de déprime contenue.

La météo influence donc l’humeur sombre de troupeaux de dépressifs qui consultent déjà les grands sages de notre société post moderne, les psychologues et les psychiatres. Ceux-ci écoutent les lamentations de patients happés par une vie trépidante qui efface tous repères solides. Leurs émotions sont alors stabilisées par la prise de médicaments miracles produits par des industries pharmaceutiques se frottant les mains face cette dépression chronique balayant une partie de l’humanité. Ouf, on survit avec une petite pilule rose et on oublie l’essentiel.

Mais s’il fait trop froid, les radiateurs peuvent s’enclencher pour réchauffer les grelottants. La télévision divertit ceux qui n’osent affronter vaillamment les derniers frimas de l’hiver finissant. On consulte toutes les minutes son portable pour y lire les derniers textos de ses amis qu’on n’a presque plus le temps de voir dans un environnement surchargé d’obligations de toutes sortes. Et pour épater la galerie de milliers d’amis inconnus, l’individu bouffi de technologies dernier cri poste sur son mur Facebook les dernières photos du petit qui grandit trop vite. Mais le printemps tarde toujours à venir et cela malgré la télévision 3D, le portable super intelligent qui ne passe pourtant pas l’aspirateur et la téléréalité qui tue les cardiaques.

Alors que si on était là-bas, dans un pays oublié des pluies, on regarderait avec angoisse l’avancée du désert sur l’oasis de fraîcheur. Et dans cet autre pays, on implorerait la communauté internationale de mettre fin à une guerre qui dure depuis des mois. Et si on était femme dans cette région lointaine, on aimerait pouvoir enlever ce voile intégral annihilant notre identité et notre existence au monde. Le printemps n'éclot toujours pas pour ceux-là car ils ne connaissent plus de saison depuis longtemps, happés dans une spirale sombre que même le meilleur psychiatre Foldingue ne pourrait combattre.


Alors oui, je veux bien attendre encore un peu le printemps sans geindre car j’ai un toit sur la tête, un boulot qui me permet de payer mes quelques factures et que je vis dans un pays dont le gouvernement me laisse encore avoir une indépendance d’esprit, l’opportunité de pousser des coups de gueule et d’exister même si la température atteint difficilement dix degrés aujourd’hui.


Sale temps pour les nantis !



© Dédé Avril 2013



24 commentaires:

Thérèse a dit…

Chic chic chic.... j'attendais ce moment avec impatience.
Cela prouve que la vie est bien faite et certaines personnes sont pleines de ressources.
Pas de pilule miracle,on ne peut compter que sur soi et sur la Conmunication.

Bergson a dit…

Enfin Dédé reprend sa plume.
Point de photo tout est sobre pour allez directement à l'écrit.

A moins que se ne soit les cris ...

PeterParis a dit…

Tout ça indique sans doute une envie de changer d’horizon - de tout point de vue. Alors que, même si on imagine que « ailleurs » c’est mieux, ce n’est pas toujours vrai, comme tu le dis déjà. Pourtant il faut peut-être tenter le coup, essayer de dévier des sentiers trop connus….
En attendant, je peux te promettre que le printemps va finir par arriver. Je l’ai - un tout petit peu - senti en me promenant cet après-midi.

Unknown a dit…

Welcome back sur la toile, chère delphie devenue dédé. Sale temps dehors mais doux temps dedans car notre dédé a retrouvé la force et l'envie d'écrire. Un billet d'humeur bien senti qui fleure bon le printemps malgré le froid car on y lit l'énergie et une forme de détermination. C'est vrai que nous ne sommes pas les plus mal loties, nous les femmes qui avons la chance d'habiter dans un pays où nous ne sommes pas opprimées. On peut s'énerver sur des salaires encore de 25% inférieurs à ceux des hommes, mais on sent qu'on va y arriver, ce n'est qu'une question de temps, et nous avons aussi le droit de nous exprimer, de travailler, de conduire, de vivre nos vies comme ça nous chante. Pas toujours riches, loin s'en faut, mais libres malgré tout.
Il ne faut jamais l'oublier, c'est si précieux. Bonne fin de dimanche.

Unknown a dit…

Bon dédé, tu tombes bien, toi qui vis en suisse, je voulais te demander conseil : j'ai peur que l'administration fiscale française s'intéresse d'un peu trop près à mes comptes... t'aurais pas un truc infaillible pour transférer très discrètement mes fonds suisses à Singapour et faire que toute trace de l'historique de mon compte disparaisse ? Réponse urgente souhaitées, j'ai chaud aux fesses.

Dédé a dit…

>nathalie: tu mens un peu, beaucoup. Comme Cahusac, tu dis: "je n'ai jamais eu de comptes à l'étranger". On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. ;-)

hpy a dit…

Nous marchons sur la tête dans notre spirale infernale et ne prenons que rarement le temps de regarder vers l'extérieur - ni vers l'intérieur d'ailleurs, chère Dédé 2.

PS. Moi, j'ai eu des comptes à l'étranger. Je pourrais peut-être même le prouver si quelqu'un insistait très fort.

Marguerite-marie a dit…

Bravo Dédel (c'est ainsi que j'appelle ma fille Delphine) pour ce billet qui montre que la réflexion et la force intérieure ont permis un retour que j'attendais. je ne peux q'adhérer à tout ce que tu as dit.
le printemps est un peu là car une de nos hirondelles est revenue!
je t'embrasse

bendesbois a dit…

Salut DD,

Alors comme ça, tu as rebooté ? ;-)

Bon n’ayant jamais posté sur tes textes, je me lance, il faut bien une première fois…

Les coups de gueule, c’est très bien, j’adore. Cela permet d’exorciser les démons qui sommeillent en nous, même si nombreux sont ceux qui ne dorment plus depuis longtemps… Je pense notamment au démon du jeu, de l’alcool, de la drogue ou encore au démonte-pneu…

Nous aboyons, la caravane passe… Tels les petits schnurzels à leurs mémés (viens ici mon Kiki !), nous clamons notre colère, notre peur à l’idée qu’on nous marche dessus ou pire que, gavés de foot par la télévision, l’un ou l’autre se prenant pour Messi ou Ronaldo nous envoie valdinguer sur le poteau « interdit aux chiens » où pendent négligemment les sacs à crottes pour propriétaires propres...
Le web nous a fourni un espace de liberté incommensurable que nous exploitons à hue et à dia, bien tranquillement assis derrière nos écrans. L’avantage pour la caravane qui continue de passer et de mettre de l’argent à gauche sur des comptes hors taxes, c’est que ça fout quand même moins le bordel que quand les jeunes descendaient dans la rue pour s’exprimer et accessoirement pour balancer quelques pavés, prônant l’amour libre, la contraception, l’IVG et les cheveux longs…

Voilà, c’était la minute du Dr Cyclopède, mon Dieu, Pierre comme tu manques…
A+

Dédé a dit…

>hpy: marcher sur la tête ce n'est pas facile. Je viens d'essayer et paf...

>marie-marguerite: une hirondelle seulement? les autres sont toujours les doigts de pied en éventail sur la plage?

>bendesbois: Salut toi. est-ce que tu connais le démon-niak? il est toujours en forme celui-là, il ne sommeille jamais. Moi je veux bien aller dans la rue pour m'exprimer, et j'arracherai avec violence les supports pour les sacs à crottes pour propriétaires propres. ça aurait du chien comme action, tu ne trouves pas?

Et oui Pierre, tu nous manques. Mais bon, on a vu vincent l'autre soir, c'est déjà pas mal non?
On fait ce qu'on p(n)eu, on n'est pas des chambres à air.
Allez, je vais continuer à beugler en silence.

Solange a dit…

Faut bien chialer un peu, sinon de quoi aurions-nous l'air?

Cergie a dit…

Un beau titre de polar... Mais bon, faut se mettre au format de ce que l'on peut lire à notre époque qui va trop vite et est toujours dans l'après et tout est dit en quelques lignes... On habite en ville ou la grande cité et on fait fi de l'hiver en terrasse grâce aux chaufferettes et autres couvertures (il parait, en Suisse...). En fait on vit hors des réalités un monde fantasmé ce qui n'empêche que l'on a un nombre de jours finis à vivre qui comportent autant de belles et de froides journées... Et on oublie c'et vrai que l'on loge provisoirement au paradis sur terre où poussent les pommes...

Dédé a dit…

>solange: kleenex?

>cergie: des chaufferettes et des couvertures? oui cela se fait sur certaines terrasses mais plutôt dans les stations de ski. Mais je dois dire que je n'ai jamais autant vu de terrasses avec chaufferettes qu'à Paris. Est-ce que les pommes poussent à Paris aussi?

Cergie a dit…

Sans doute que les pommes poussent à Paris, on n'a pas forcément accés aux jardins des plus ou moins nantis, il y en a bien au potager du Roi à Versailles où je crois pouvoir dire que de nouvelles variétés étaient créées. L'hiver, le froid sont nécessaires pour avoir des noisettes qui sont comme tu le sais tant appréciées des écureuils affairés préparant la froide saison et cachant leurs provisions tant que parfois ils les oublient ce qui fait que celles ci font des petits mais pas du gente que l'on pourrait penser....

claude a dit…

Hier en passant vite fait sur mon blog, je me suis demandé qui était Dédé, Maintenant je sais et je suis super contente de ton retour.
On râle parce que le printemps est long à s'installer cette année, c'est vrai. Le chauffage prolongé va gréver un peu plus notre budget. Le soleil et la chaleur nous manque, mais le printemps arrive. Dimanche on a entendu le coucou et vu des hirondelles.
C'est bon signe.
Je ne prends pas de pilule miracle, j'ai un vieux portable dont je ne me sert que très rarement, je n'ai pas de TV 3D et je m'en cogne,je n'ai pas de compte face de bouc et encore moins de compte à l'étranger.
Je n'ai pas peur de dire que je fais partie des nantis, mais c'est aussi parce que j'ai bossé et que mon Chéri bosse encore, lui et qu'il ne fait pas 35 heures par semaines, mais voire 75 et qu'il lui arrive de travailler même son jour de congé hebdomadaire et même les week-end, ce qu'il fera d'ailleurs le wouik du 8 et 9 mai.
Quant au fric, c'est déjà dur de récupérer un peu de son pognon placé dans une banque de la ville pour acheter une voiture, si j'avais mon fric à Singapour... déjà qu'ici cela m'a demandé 3 semaines... De toute façon mon patrimoine en euros ne serait pas assez élevé pour pouvoir le foutre à l'étranger.
Ce qui vient de se passer au niveau de notre ex Ministre du Budget et de la chasse à la fraude fiscale est pire que tout ce qui a pu déjà arriver. Beaucoup ont des casseroles au derrière mais lui c'est une marmite, voir même plusieurs grosses gamelles.
Je t'envoie le petit rayon de soleil qui brille à cette heure où je termine mon com.
Bisous

Marguerite-marie a dit…

mais l'hirondelle la plus belle c'est toi de retour annonçant le renouveau
bises

Dédé a dit…

>claude: c'est vrai qu'avec toutes les casseroles qu'il a derrière lui, votre ministre fait un bruit certain en se déplaçant.

claude a dit…

Remarque son histoire fait grand bruit !

Dédé a dit…

>claude: Si au moins les nantis étaient honnêtes, mais malheureusement cela ne semble pas le cas-husac.

claude a dit…

Dis donc au fait t'as pas un compte en Suisse, toi ?
Ils sont en train de s'écharper à l'Assemblée Nationale sur le fait de déballer son patrimoine ou pas.
L'important que que le Jéjé en soit chassé.
Je préfère être à ma place qu'à la sienne. Toutes les bonnes choses ont une fin.

Dédé a dit…

>claude: j'ai plusieurs comptes en Suisse. Je suis nantie moi.

claude a dit…

Comment ça, plusieurs !
Dans la même banque ?

Dédé a dit…

>claude: certains dans la même banque mais également dans une autre banque. C'est compliqué quand je remplis ma déclaration d'impôts mais je le jure, je n'ai aucun compte à l'étranger.
Croix de bois, croix de fer, tralalère.

Fifi a dit…

Jolie surprise: "chez DD" c'est en pays connu que je me retrouve :-)
Il est un peu tard, je ne vais pas louper ça mais pour le faire tranquillement, je reviendrai demain. Bisous de bonne nuit, Dédé !